lundi 9 octobre 2017

Amour. Film de Michael Haneke (2012)

A notre entrée dans la soixantaine, nous avons la chance d'avoir nos quatre parents ! Mais ils ont entre 85 et 88 ans et c'est l'âge où la santé joue de sacrés tours et nous donnent de nombreux soucis ! 

Le film "Amour" , diffusé le 4 octobre nous a donc particulièrement émus. 


Difficile de ne pas faire le rapprochement avec la situation actuelle de mes parents qui, s'ils ont la chance d'être encore ensemble, ont aujourd'hui du mal à affronter le quotidien. Mon père a fait lui aussi au moins trois AVC et s'il s'est assez bien remis physiquement, il a perdu beaucoup de capacités cognitives. 
Maman s'inquiète en permanence pour lui, car il peut à tout moment chuter, se blesser, perdre ses papiers, son porte-feuille et même ne plus retrouver son chemin ! La communication devient de plus en plus difficile entre eux et la vie n'est plus rythmée que par les repas, la toilette, le sommeil... Plus de sorties, plus de vacances... C'est un peu comme si la bulle de leur univers se resserrait petit à petit, un peu comme dans "L'écume des jours" de Boris Vian . 

Et comme dans le film, pas question pour l'instant de maison de retraite car l'univers de mon père est chez lui, auprès de son épouse dont il est aujourd'hui complètement  dépendant ! même si c'est extrêmement lourd pour Maman qui a été opérée il y a un an d'un cancer du sein, et qui n'aspire qu'à se reposer. 

Nous, les enfants, nous sommes très désemparés face à cette situation. Comment protéger l'un sans détruire l'autre ? Et a-t-on finalement le droit de s'immiscer dans leur vie et de décider à leur place ? 

Alors bien-entendu, j'ai trouvé ce presque huis-clos magnifiquement joué par Jean-Louis Trintignant et Emmanuelle Riva qui ont dans ce film tenu des rôles très difficiles. 



Il faut que l'amour entre deux êtres soit très fort pour accepter d'assumer la dégradation physique et mentale de l'autre et se consacrer entièrement à lui, en acceptant et en comprenant ses réactions parfois violentes, son désir d'en finir pour ne plus être une charge et parce que vivre aussi diminué parait insurmontable !

Georges (Jean-Louis Trintignant) est d'une patience infinie avec Anne (Emmanuelle Riva), complètement bouleversante dans sa dégradation et sa volonté de tenter de communiquer jusqu'à la fin... Quelle émotion lorsqu'elle essaie de chanter "Sur le pont d'Avignon " 

Les visites d'Eva, leur fille (Isabelle Huppert) sont ressenties comme une incursion dans la fin de vie des deux octogénaires même si elles sont parfaitement légitimes. Elle s'inquiète pour sa mère ! Mais Anne n'a pas envie que sa fille la voit se dégrader et Georges n'a pas besoin de recevoir une leçon de morale de la part de sa fille ! C'est leur histoire à tous les deux et elle ne regarde personne d'autre ! 

D'où les questions que l'on est amené à se poser lorsque l'on veut venir en aide à ses parents. Nous raisonnons par rapport à nos attentes, nous cherchons des solutions destinées à nous rassurer mais ce ne sont pas forcément les meilleures pour eux ! 

La fin du film m'amène à regretter que l'euthanasie ne soit pas autorisée en France car lorsqu'une personne se sachant condamnée décide de mourir, je trouve qu'une jolie cérémonie familiale rend le départ beaucoup plus doux et acceptable pour ceux qui restent et permet à la personne qui s'en va de faire ses adieux en étant entourée des siens ! 


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